Le goujat

Un individu dans le train m'a demandé si je ne voulais pas calmer, "maitriser" mon enfant. Bizarrement, je ne me suis pas démonté, je l'ai regardé avec les yeux ronds. Je lui ai proposé de se déplacer s'il le dérangeait ou d'aller voir le controleur pour qu'on règle ça. Nous étions dans un carré, vous imaginez bien qu'il n'y avait plus un bruit autour de nous. Et il insistait mais vous pourriez pas faire quelques choses, ça fait depuis besançon que je suis dans le train et il a pas arrêté de bouger ou de crier. (notez que crier c'est un grand mot, oui il n'a pas arrêté de parler ou de faire des bruitages ou rigoler, mais c'était loin des cris stridents que sont capables de faire les enfants!) Je lui ai répondu qu'il ne devait pas avoir d'enfant et j'ai rajouté que mon enfant ne courrait pas dans l'aller et ne criait pas, par conséquent qu'il était relativement calme... et qu'il y a bien d'autres individus qui crient au téléphone sans qu'on leur fasse de remarque. Et là il me dit "les enfants de mes amis ne sont pas comme ça" et du tac au tac "et vos amis, il prennent le train pendant 2H30 avec leur enfants?" Bref ensuite il m'a dit une phrase du style "vous ne changerez pas" la conversation devenait stérile et je ne me sentais pas en tord  et j'ai répondu "oui je ne changerai pas".

ça m'a profondèment blessé. J'ai réfléchi où a été le problème. La première partie du voyage, je n'étais pas en face de lui, je me suis déplacée pour laisser 4 personnes dans le même carré. Dans cette première partie, Mathieu a été un amour, on a été arrêté 20 minutes sur la voie car il y avait des animaux. Mathieu verbalisait tout ce qui se passait, quand le gars qui était à ce moment là en face de nous c'est absenté, Mathieu a dit "Monsieur parti" et il n'a pas oublié de faire la même chose quand il est revenu, ce qui a mis un peu le jeune homme malaise, moi ça m'a beaucoup amusé. Bref à Dijon nous voilà en face de l'autre individu. Là Mathieu voulait jouer avec le rideau (le truc qui se baisse) de la fenêtre. J'ai eu l'impression que ça agaçait le gars, du coup, je l'ai interdit à Mathieu. Comme bon petit gars qui se respecte il a tenté une bonne dizaine de fois d'y retourner et je tentais de l'en détourner en faisant des chatouilles, en proposant d'autres jeux... Bref rien y faisait et c'est à ce moment là que le gars m'a dit que c'était agaçant. Enfin je sais plus quel terme il l'a employé, mais quand il a vu ma réaction, il m'a dit j'ai manqué de tact pour le dire mais ça changeait pas que selon lui il fallait que je le maitrise.

Bref je me suis interrogé qu'est ce que j'aurais du faire. Et bien je n'aurais pas du anticiper. Quand Mat jouait avec le rideau, j'aurais du lui demander si ça l'embétait. Si il me répondait oui, je l'expliquais à Mathieu en disant qu'il fallait qu'il arrête pour ne pas déranger le monsieur. Si il me répondait non, je laissais jouer Mathieu et il n'aurait jamais osé me faire une remarque après avoir approuvé. Bref après cet échange, j'ai plus rien dit et laisser jouer Mathieu avec le rideau, certes il faisait peut-être moins de bruit mais c'est le rideau qui en faisait... Mathieu a un moment donné m'a fait un bisou, je disais plus rien et il est venu dans mes bras me faire un bisou, je crois qu'il comprenait mon conflit intérieur. Au bout d'un certain temps le gars est parti. Je me suis comme dégonflée et j'ai versé ma larme, ensuite il était l'heure du biberon, j'ai donc pris Mathieu dans mes bras et donner la suce ensuite, il n'a plus bougé  et on a lu plein d'histoires. Je voyais dans la vitre le gars qui nous regardait, je ne l'ai pas regardé une fois, j'étais blessée.

Il est indéniable cependant que Mathieu a fait du bruit, en attendant il est resté sur son siège pendant presque 3 heures, il n'a jamais touché les magasines des autres qui étaient à 20 cm de lui, il n'a jamais dépasser son périmètre, il n'a pas pleuré, hurlé. Bref c'était un petit gars excité de prendre le train car ça faisait longtemps qu'on l'avait pas pris, j'avais l'impression qu'il ne voulait pas en predre une miette et jouer un maximum. Et après le biberon c'est comme à la maison, c'est calin et il le savait.

Comme Mathieu est habitué à bouger partout c'est vrai qu'il n'est pas timide, non pas que je le regrette mais il n'a pas de phase où il est collé à moi. D'emblée où qu'on soit, il se sent chez lui et va voir tout ce qui se passe autour de lui, un vrai petit maraudeur... Dois-je frêner la curiosité d'un petit gars, sachant qu'il connait très bien les limites car il ne réclame jamais d'aller courrir dans l'aller du train, il ne bouge pas du caddie quand on fait les courses...

Ce qui m'agace le plus c'est d'être autant touché par un individu que je pourrais qualifier de CON. En plus, il était jeune, je peux même pas lui trouver des facteurs explicatifs. Bref l'intolérence est partout mes pauvres amis....